World of Warcraft, Battle for Azeroth : une extension écologiste !

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World of Warcraft et la pensée environnementale

« Quelle honte ! Faire passer sa propre cupidité avant la santé de (la planète) d’Azeroth »

Les univers de jeux-vidéos et les histoires qu’ils racontent sont des reflets colorés des enjeux de notre humanité et notre société : jusque-là rien de nouveau. Cependant, certains le font avec plus de finesse et de profondeur que d’autres. Alors, parlons peu mais parlons de World of Warcraft Battle for Azeroth et d’environnementalisme !

Résumons les points clés de la pensée dite environnementale :

  • Une compréhension du monde complètement systémique et interdépendante.
  • Une relativisation et une critique forte des modèles de sociétés actuels (par exemple « l’état-nation » ou « la souveraineté étatique »).
  • Une priorisation absolue sur ce qui permet la durabilité de la planète (et de la « soigner »)
  • L’exigence de la responsabilité individuelle et collective aux égard des êtres vivants.
  • Condamnation de toute posture individualiste (personnel comme étatique)
  • etc.

Une guerre totale sur Azéroth

Et c’est là que le 14 août 2018, Blizzard sort la septième extension de son éternel MMO-RPG World of Warcraft : Battle for Azeroth (que je nommerai WoW / BFA ci-après). Alors, le pitch de cette extension en quelques phrases :

A la fin de l’extension précédente, le Titan Sargeras (comprenez : le big méchant), plante, , juste avant d’être vaincu, son épée dans la planète (nommée Azeroth) sur laquelle les joueur.se.s évoluent — je ne peux m’empêcher de souligner la belle allégorie de la corruption par le pouvoir du « masculin » que représente cette immense épée — et il est exilé à l’autre bout de l’univers. Résultat : les factions qui s’étaient alliées pour combattre ledit Titan se retrouvent sur une planète salement amochée et mourante.

La planète est si mal en point qu’elle se met à déverser son « sang » (nommé logiquement « azérite ») qui coule en gisement à la surface. Dès lors, la situation est critique et chaotique pour tout ce qui vit sur cette planète. Et, d’après-vous, que font les deux factions — La Horde et l’Alliance — qui se partagent Azeroth ? Je vous le donne en mille : elles transforment l’azérite en arme, se lancent dans une course à l’armement pour se taper dessus !

Des résistant.e.s antisystèmes !

Inutile de creuser à grands coups d’interprétation pour comprendre ce à quoi fait référence le scénario de cette extension. Cependant, là où WoW / BFA m’intéresse particulièrement, c’est que la narration fait évoluer le.la joueur.se. sur l’absurdité de ce combat au fil de l’extension. En effet, si au début de l’histoire de BFA (la cinématique en est la preuve) la focalisation est sur le combat frontale de la Horde contre l’Alliance ; petit à petit l’absurdité de ce combat apparaît en pleine en lumière ! Et c’est là que se déploie le rôle essentiel des « éveilleur.se.s de consciences » : à savoir des personnes qui viennent défendre les valeurs environnementales que j’ai résumé plus haut face à l’attitude des dirigeants de la Horde/Alliance.

Magni Barbe-de-Bronze — l’Orateur d’Azeroth : le lanceur d’alerte!

Le premier d’entre-iels est Magni Barbe-de-Bronze : la version nanesque de Greta Thunberg. Voici un résumé de ses citations :

  • Depuis qu’elle a été blessée par le Titan fou, Azeroth hurle de douleur.
  • Je perçois de l’azérite à proximité. Quelque chose semble en drainer une terrible puissance. Vous devez l’arrêter  !
  • Il y a plusieurs blessures d’azérite dans la zone, utilisez le Cœur d’Azeroth pour les soigner !
  • Quelqu’un extrait de l’azérite dans les plaies ouvertes du monde. Arrêtez ce saccage !
  • Je sens qu’il y a de l’azérite à proximité… et des gens qui mettraient bien la main dessus. Vous devez les arrêter !
  • Quelle honte… faire passer sa propre cupidité avant la santé d’Azeroth !

Magni est un nain qui littéralement entend Azéroth. Il entend ses cris de douleurs. Par conséquent, il exhorte le.la joueur.se à l’aider à la soigner : tâche quotidienne de cette extension. Magni représente parfaitement les personnes qui ont une conscience que la planète forme un système interdépendant en tension par nos modes de vie. La cupidité, l’orgueil et le désir de pouvoir des puissant.es menacent la survie du monde : iels doivent être arrêté.s ! C’est notre devoir de joueur.se, c’est notre devoir d’humain.e.s !

Baine Sabot-de-Sang & la désobéissance civile

Baine est très inspirant pour notre génération. Refusant de poursuivre une guerre dans laquelle il ne voit aucun sens, il prend le risque de s’opposer à sa cheffe de Guerre (Sylvanas) pour trouver une voie pacifique au conflit durant le désastre environnementale en cours. Quelques-unes de ces meilleurs phrases :

  • Sylvanas est allée beaucoup trop loin. Nous sommes peut-être en guerre contre l’Alliance, mais certaines limites ne doivent pas être franchies.
  • Je ne peux pas supporter cela. Chaque fois que je pense que Sylvanas est allé trop loin, elle trouve une nouvelle ligne à franchir. Je l’ai vue commettre un acte déshonorant après l’autre.
    Elle profane plus que la mémoire d’un ennemi déchu. Elle profane la Horde elle-même.
    Cela ne peut pas durer. Il faut faire quelque chose. Et bientôt.
  • La Horde est rongée par le mal, nous sommes en guerre alors que la Terre-Mère se meurt, nous avons perdu de vue l’essentiel et mon cœur ne peut plus le tolérer (…) à quoi bon être en vie s’il on doit renoncer à ses principes.

Baine m’inspire car il appelle à désobéir concrètement à un système qui sème la mort. Oser résister et désobéir au nom de ses valeurs : c’est le coeur désobéissance civile. Être un Baine, c’est transformer en acte le fait de dire Non aux puissant.e.s qui préfèrent, très concrètement, la mort à la vie. A cet égard, un mouvement comme Extinction Rébellion est porteur du même appel.

Critique des intérêts égoïstes et militaires des nations

C’est pour moi le message fort et essentiel que WoW / BFA narre : utiliser les ressources restantes de la planète pour augmenter son propre pouvoir ( en tant qu’individu ou nation) est ce qu’il y a de plus condamnable. Tout comme se tromper d’ennemis ! Le sociologue et philosophe Bruno Latour, le résumerait en nous appelant à discerner, parce que nous sommes en état de guerre, nos véritables ennemis, à savoir celleux qui nous menacent dans notre existence. Est-ce vraiment nos concurrents économiques d’autres pays ? Les pseudos-menaces de celleux qui ne partagent pas nos symboles et territoires géographiques ? Ou est-ce les institutions, chef.fe.s d’état, lobbys, multinationales, etc., qui se sont lancés dans une infinie « Battle for Earth » jusqu’à que cette dernière meurt ?

Alors rappelons-nous sans cesse l’enseignement capitale de Baine Sabot-de-Sang :

Nous sommes en guerre alors que la Terre-Mère se meurt,
nous avons perdu de vue l’essentiel.

Citation issue d’une cinématique « in game » à regarde ici !

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